Passer au contenu principal. Début du contenu principal

La vie des animaux

8 Juin - 22 Sep 2024

Artistes : Noor Abuarafeh, Antonia Baehr (avec Dodo Heidenreich, Nanna Heidenreich, Mirjam Junker, Itamar Lerner, Catriona Shaw, Ida Wilde, Steffi Weismann), Pierre Bismuth, Melanie Bonajo, Elen Braga, Sue Coe, Simone Forti, Piero Gilardi, Rebecca Horn, K.P. Krishnakuma, Laura Lima, Anne Marie Maes, Dafna Maimon, Ad Minoliti, Luis Lazaro Matos, Britta Marakatt-Labba, Lin May Saed, Rosana Paulino, Carolee Schneemann, Jean Painlevé, Panamarenko, Janis Rafa, Nicolás García Uriburu, Filip Van Dingen, Tomás Saraceno, Anna Tsing (avec Yen-ling Tsai, Isabelle Carbonell & Joelle Chevrier), Aleksanda Waliszewska, et d’autres.

La salle sonore comporte des œuvres sonores de : Izabela Dłużyk, Nathan Gray, Simone Forti, Kathy High, Lisa Schonberg, Charlemagne Palestine, Jean-Claude Roché, et d’autres.

Nous connaissons tous d’innombrables histoires d’animaux, elles font partie de notre imaginaire collectif. Depuis l’enfance, nous avons passé du temps à les observer en diverses circonstances. Souvent aussi, nous nous sommes forgé une opinion intime à leur sujet. Les animaux constituent sans doute l’un des sujets les plus populaires et, en même temps, les plus complexes qui nous accompagnent depuis l’émergence de notre espèce. L’être humain co-évolue avec les animaux et notre attitude à leur égard a donc changé au fil de l’histoire.

Au cours des deux dernières décennies, l’étude des animaux s’est imposée dans le monde entier comme une nouvelle discipline universitaire. Les scientifiques s’interrogent sur les concepts d’« animalité », d’« animalisation » ou de « devenir animal », afin d’étudier les représentations humaines et les imaginaires culturels à ce sujet. Les études animales s’efforcent de comprendre les relations entre l’être humain et l’animal à partir d’une perspective historique, en prêtant attention à la complexité de la question, en lien avec les mouvements de défense des droits des animaux, l’éthique du care – du prendre soin –, l’écologie, le féminisme, les droits humains, les études postcoloniales et autres disciplines.

Il est important de mentionner que les origines du Mouvement pour les Droits des Animaux se situent dans l’Europe du XIXe siècle. Les idéaux de liberté de plus en plus répandus, associés à la lutte des suffragettes pour les droits des femmes, ainsi qu’à la lutte des abolitionnistes pour la liberté des esclavagisé·es noir·es, ont créé un terrain fertile pour les mouvements naissants de libération des animaux. Depuis lors, divers activistes et chercheurs examinent la situation de réification des animaux dans le cadre de l’industrie agro-alimentaire, vestimentaire et du divertissement, pour ne citer que quelques domaines où les animaux sont exploités.

L’exposition La vie des animaux aborde le sujet sous l’angle des arts plastiques et visuels, en posant la question fondamentale de savoir ce qu’est un animal et si humains et animaux peuvent se lier d’amitié. Les artistes participants examinent d’un œil critique les attitudes d’« exceptionnalisme humain » qui découlent de la croyance selon laquelle les animaux ne comprennent pas le concept de la mort et n’ont pas le sens de l’anticipation.

Le titre de l’exposition fait référence au roman fictif de J.M. Coetzee, The Lives of Animals [La vie des animaux, ouvrage non traduit en français jusqu’à présent]. Le texte présente une forme inhabituelle et polémique de dialogue philosophique, dans lequel la protagoniste fictive, l’universitaire Elisabeth Costello, donne deux conférences qui s’imbriquent dans l’intrigue narrative. J.M. Coetzee présente différents points de vue sur la question des animaux, souvent extrêmement polarisés, ce qui confère au roman un caractère exceptionnellement contemporain, reflétant la dynamique du débat public autour de questions concernant les animaux. La protagoniste du roman discute des fondements de la morale humaine, en se référant à l’éthique de la compassion et à l’« invention poétique » (la capacité de s’imaginer être quelqu’un d’autre). L’empathie et la gentillesse dont parle Costello deviennent le point de départ de la présente exposition, qui propose une approche interdisciplinaire, mêlant littérature, philosophie, éthique et arts plastiques pour explorer et interroger les perceptions conventionnelles des animaux, tout en encourageant les visiteurs à repenser les relations que nous entretenons avec eux.

L’exposition commence par des œuvres de l’artiste Lin May Saed (1973-2023), qui a consacré toute sa créativité artistique aux thèmes de la libération des animaux, de leur domestication et de la cohabitation entre humains et animaux. Son travail, qui examine les relations transculturelles et complexes entre les humains et les animaux, devient l’un des principaux points de départ de la création de ce projet.

Des rats qui rient, des fréquences inaudibles dans la forêt amazonienne et le gazouillis d’oiseaux de différentes parties du monde font partie des multiples sons que les visiteur·euses peuvent entendre dans la salle sonore. Au sein de l’exposition, nous avons créé un espace unique où les visiteur·euses peuvent faire l’expérience de différents langages animaliers. Le matériel audio se compose de créations d’artistes et de chercheurs actifs dans des domaines tels que la musicologie zoologique et l’éco-acoustique (l’acoustique du paysage sonore) ainsi que d’enregistrements de terrain. Cet espace sonore confère à l’exposition un caractère plus performatif, qui s’aligne sur la méthodologie essentielle qu’a appliquée la commissaire de l’exposition en se concentrant sur des œuvres transdisciplinaires et des artistes qui entretiennent des relations complexes et prolongées avec le sujet.

L’exposition est réalisée selon un code éthique. Par conséquent, elle ne comprend pas de taxidermie, d’animaux vivants ou d’actes de violence à leur encontre. Les animaux sont les protagonistes de l’exposition, qui se concentre sur leur biographie et leur caractère unique, tout en se demandant en quoi consistent les gestes d’empathie, de gentillesse et d’amour envers les animaux.

Pouvons-nous, et dans quelles circonstances, adopter un point de vue animal ?

Lin May Saeed, ASYL – The Liberation of Animals from their Cages VI, 2008/09 Photo: Wolfgang Günzel Courtesy: “Estate Lin May Saeed”, Jacky Strenz, Frankfurt/Main
Lin May Saeed, ASYL – The Liberation of Animals from their Cages VI, 2008/09 Photo: Wolfgang Günzel Courtesy: “Estate Lin May Saeed”, Jacky Strenz, Frankfurt/Main
Lin May Saeed, The Liberation of Animals from their Cages XVIII/Olifant gate, 2016 Photo: Wolfgang Günzel Courtesy: “Estate Lin May Saeed”, Jacky Strenz, Frankfurt/Main